Tu Bong – Nha Trang
Je suis partie de Saigon le soir en train de nuit. Je n’ai pas pris le bus, pourtant moins cher, car tout le monde, mais TOUT le monde me disait qu’il fallait que je prenne le train, car moins dangereux. C’est clair que quand on voit comme ils conduisent ici, on se dit que le voyage ne doit pas être de tout repos.
Je suis donc montée dans ma couchette (molle, je précise, parce qu’on peut choisir une couchette dure aussi, c’est moins cher). Comment vous dire… La nuit a été catastrophique ! Ayant déjà pris des trains en Thaïlande, je savais à quoi m’attendre niveau secousses. Oui, le train bouge dans tous les sens. Gauche droite, avant arrière, mais il fait des bons aussi ! Fait que c’est pas super rassurant quand on sait que la machine tient sur des rails… Ajouté à cela, une climatisation à vous refroidir l’enfer même ! En plus de la couverture qu’ils donnent, j’avais mon drap de soie, mon k-way, un autre imperméable et je gelais !!! Mais bon, ce n’était que le début d’une bien plus belle aventure.
L’orphelinat
Je suis arrivée au petit matin à la gare de Nha Trang. Après avoir échangé quelques coups de téléphone avec un moine – si si – car le train avait une heure de retard, c’est Trang, une vietnamienne bénévole à l’orphelinat et qui parle super bien anglais qui m’attendait à la sortie du train. Nous avons alors attendu le mini-van, qui est venu nous pickuper peu de temps après. Au volant : Su Thong, « second » moine du temple et à ses côtés Luc, moine novice. (Certains de leur nom comprennent des accents que je ne saurais reproduire avec un clavier occidental). A l’arrière, Trang, moi et un couple de personne plus âgées – qui sont en fait les parents de Su Thong -. Luc me tend gentiment une boisson nommée Sanest, boisson énergisante du coin à base de nid (et bave) d’oiseau… J’ai goûté, ce n’est pas mauvais. Après une heure et demi de route, nous sommes arrivés à l’orphelinat.
Je ne saurais tout détailler tant cette expérience a été un réel coup de cœur. Je peux déjà commencer par dire qu’au lieu des deux jours prévus, je suis restée deux semaines.
L’orphelinat compte actuellement neuf bébés. Une soixantaine d’enfants sont eux placés en famille d’accueil. L’association « Offrir un toit », qui a financé la construction du bâtiment, parraine également ces derniers. Petite particularité de la bâtisse est qu’elle est en grande partie construite en marbre. Pas tout à fait représentatif des fonds que l’orphelinat nécessite. Pourquoi le marbre alors ? Parce qu’un artisan ne voulait plus de sa machine à couper le marbre, il en a alors fait dont aux moines. Ceux-ci ne pouvant faire commerce, ils l’utilisent pour construire leur propre bâtiments – temple, orphelinat, réservoir d’eau, petit hôpital aux médecines traditionnelles –. Le minerai est directement pris sur la montagne située juste derrière le terrain.
Outre l’orphelinat donc, quelques mètres plus loin, il y a le temple. Pour le coup, par respect, il faut se couvrir jambes et épaules, mais les moines sont chaleureux et d’une gentillesse sans égal. Quand je suis arrivée, Eileen, une australienne, Gloria, également Aussie, ainsi que Trang étaient ici pour donner des cours d’anglais aux enfants du coin. J’y ai participé, d’abord dans le but de prendre des photos, puis finalement pour aider. Ces enfants sont adorables. Il y avait une deuxième classe avec les plus grands, dont les apprentis moines. Je suis arrivée à la fin des cours d’été et nous avons préparé pour le dimanche une petite remise de diplômes. C’était super.
La remise des diplômes fut ma première raison – comme si j’en avais vraiment besoin – pour rester un peu plus longtemps. Puis, Su Thong, avec qui nous allions prendre le thé le soir, m’a chaleureusement invitée à participer à leur cérémonie le vendredi suivant, nommée Vu Lan.
Vu Lan
Vu Lan est une célébration dédiée aux parents, morts ou vivants, et plus particulièrement aux mères (si j’ai bien tout compris). Des roses sont distribuées : blanche si un de nos deux parents (ou notre mère, j’ai été un peu confuse entre diverses explications) est décédé et rouge s’ils sont (elle est) en vie. Prière, chants, offrandes, la journée a été magnifique. En plus, comme pour la cérémonie des diplômes d’ailleurs, c’est la mère de Su Thong qui faisait à manger. Un régal !
Bref, je pourrais écrire des chapitres entiers sur mon séjour là-bas. Entre s’occuper des bébés (jouer avec plus qu’autres choses), passer du temps avec les moines, avec les enfants, it was mind blowing (or even heart blowing).
Je me suis engagée à les aider avec le peu de compétences que j’ai. J’ai produit un flyer pour Eileen, qui s’investit également à lever des fonds pour l’orphelinat – car malgré tout, ils n’ont pas assez de moyen pour engager plus de personnel pour s’occuper des bébés ainsi que pour acheter couches et autres premières nécessités –. Je vais d’ailleurs retourner à Nha Trang fin octobre afin de faire une exposition (de mes photos!!!) pour récolter des fonds. Cela dit, si vous êtes intéressés à aider, Eileen a un site : https://www.gofundme.com/266c654y et vous pouvez également aller visiter le site internet d’offrir un toit : www.offriruntoit.org
Quant à mes photos, sachez que je compte en vendre une fois rentrée. Quelles soient celles de l’exposition future comme celle de mon voyage. Bien entendu, une grande partie des ventes ira pour l’orphelinat. Donc si vous avez déjà des coups de cœur ou des envies, notez-les 😉
C’est donc après dix jours à bosser, jouer avec les bébés, discuter avec les moines, participer à des cérémonies, vivre à 200%, que je suis partie pour continuer mon voyage direction Hoi An.
Ce qui est étrange, c’est que d’habitude je suis vraiment triste de partir quand je vis des moments aussi forts que ceux-ci. Là j’étais certes triste, mais aussi pleine de reconnaissance, je me sentais entière. Ils m’ont offert tellement. Ils m’ont permise de grandir un peu plus.
…Comme quoi, l’argent n’a vraiment aucune valeur…