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Mont Rinjani
Mont Rinjani
Depuis Gili Trawangan, j’ai pris le bateau public – qui ne démarre que lorsqu’il est plein – en direction du port de Bangsal, Lombok. Une fois arrivée, j’ai attendu un bon petit moment avant qu’un type vienne me chercher. Oui, il faut que je vous explique. J’ai réservé par internet le trek sur le mont Rinjani directement auprès d’un « guide », dont j’ai trouvé l’adresse sur un forum qui le couvrait d’éloge. Les guillemets se justifient ici parce que le type en question, Sujar de son nom, était guide à l’époque et son business a tellement bien marché qu’il a sa propre agence maintenant – également couverte d’éloge sur internet –. Bref, j’ai donc attendu un moment sans signe de vie, puis j’ai appelé le fameux Sujar, qui a appelé son confrère, lequel est venu me chercher en scooter. Avec mon gros backpack et mon sac photo, je vous laisse imaginer la scène. Il m’a alors déposée dans un petit café où j’ai attendu le reste du groupe (oui, trek en groupe).
Premier point marrant : le Sujar m’avait dit que le prix pour moi serait plus élevé (1’900’000 roupilles = 139 CHF / 126 € au lieu de 1’500’000 = / 99 €) car j’étais seule et que le prix du pick-up était donc plus élevé. Sachant que le scooter m’a déposé à 2 min du port et que sur place mes autres compagnons de trek m’ont rejointe, afin de prendre le taxi direction le village au pied du volcan, ça fait cher la balade en scooter non ?
Arrivé dans ce fameux village, la taxi nous dépose (nous étions 5) dans un hostel dont la nuit est comprise dans le prix. Nous avons été nous balader près de chutes d’eau pas loin – ça vaut le coup d’oeil soit dit en passant – puis nous avons dîner (non-inclus, on s’entend) et nous sommes allés nous coucher tôt en vue des trois jours qui nous attendaient. Mais v’là qu’y a t’y pas des petites bébêtes dans le lit. Yummy ! Croyants de base que ce n’étaient que de pauvres insectes inoffensifs, nous ne nous sommes pas alarmées outre mesure – je partageais une chambre avec une compatriote française – mais c’est lorsque j’ai vu passer une minuscule punaise proche de mon oreiller que je me suis soudain inquiétée. Après une meilleure inspection, oui oui, c’est bien ça, les lits étaient infestés de punaises de lits et autres compagnons. Nous avons été avertir nos partenaires de trek et avons été demander des matelas de sol afin de dormir certes dans la chambre, mais parterre. Nuit difficile et sans beaucoup de sommeil.
Le lendemain, frais et dispo – ou presque – nous sommes partis afin de s’enregistrer (étape obligatoire) puis d’entamer le trek. La première journée comptait quelque 6 heures de marche sur un peu plus de 1000 mètres de dénivelé positif. J’étais avec un groupe de marcheurs rapides et étais donc un peu en retrait (lentement, mais surement, en bonne Suisse que je suis), mais pas autant que le guide ! – une première -. Ce-dernier, fort de ses 23 ans, ne faisait le trek que pour la deuxième fois – rassurant… – et avait oublié de déjeuner donc ne se sentait pas bien – doublement rassurant… -. Heureusement (aspect positif comme négatif cela dit), le sentier était bondé de touristes, donc nous avons pu continuer notre route sans se perdre et en laissant au guide le temps de reprendre son souffle autant que nécessaire. En fin d’après-midi, sous une fine pluie froide, nous sommes enfin arrivés au sommet du cratère (et non du volcan) où nous avons eu la chance d’avoir un petit dégagé de nuage qui nous a permis d’apercevoir le lac au milieu du cratère, qui est magnifique ! Les tentes étaient installées, le dîner a été préparé par les porteurs – qui trimballent le matériel à l’ancienne, deux paniers plein sur un bout de bois posé sur l’épaule, le tout pieds nus ou en tongs. Chapeaux les gars ! -.
Autre point marrant : alors que j’avais demandé au « guide » par mail si les matelas de sol étaient bien de vrais matelas et non juste des tapis de yoga – question à laquelle je n’ai étonnement jamais eu de réponse -, nous nous sommes retrouvés avec des isolants de sol en caoutchouc, donc durs et pas confortables pour un sous. Sans oublier que notre tente – toujours partagée avec ma compatriote française – était en pente. Bilan : une deuxième nuit sans sommeil.
Mais nos souffrances ont cessé assez rapidement, car réveil à 1h du matin (oui oui) histoire d’aller grimper le sommet pour y voir le lever de soleil (Ô joie). Quelques 1500 mètres en positif nous attendaient, dans le noir, la lampe frontale allumée et tous à la queue leu leu, car oui, le peuple du jour d’avant se retrouve avec le même projet et enthousiasme matinal.
C’était une des montées les plus dures que j’ai pu faire jusqu’à maintenant. Même le guide était devant moi – il a dû manger cette fois -. Après avoir dépassé le gros de la foule et m’être fait distancée par mes compagnons de route, j’ai tant bien que mal serré les dents afin de monter cette pente raide et faites de graviers et sable. Deux pas en avant pour un en arrière. Le dernier bout est le plus dur. Ca monte sans jamais finir. Et le sommet est à peine perceptible dans le noir, seules les étoiles scintillent… ah non, ce sont les lumières des gens en tête… Quoi ? Il me reste encore tout ça ??? Misère… 4h de montée plus tard, alors que j’étais à deux pas en arrière et un en avant de renoncer, le sommet s’est enfin offert à moi. Bien que je ne sois pas la digne descendante de Flash Gordon – et Dieu sait que j’aimerais ça – j’étais dans les 20 premiers arrivés. La centaine d’autres touristes nous a rejoint petit à petit, suant et probablement maugréant le monde.
Le lever de soleil était sympa – mais honnêtement pas aussi magnifique que l’effort donné nous a fait espérer – et le sommet était bondé de gens. On se pousse pour faire des photos chacun son tour – le tout dans un froid terrible, ai-je oublié de mentionner – mais lorsque le cratère et son lac apparaissent, j’avoue que c’est splendide. Cela dit, on peut le voir pareil depuis plus bas… Grumpf.
Nous sommes ensuite redescendus, la vue et la balade étaient dignes de l’effort cette fois ! Bien que 1500m en négatif, ça fait mal aux genoux, pour une fois j’étais en tête – Flash, j’arrive ! – l’entraînement à sauter dans le gravier pour redescendre du Salève m’a sûrement beaucoup aidé pour le coup, les autres y allaient mollo.
Une courte pause pour prendre le petit-déjeuner – on a juste eu un snack avant de partir, je mourrais de faim ! – et c’était reparti pour environ 1000m de dénivelé négatif afin de rejoindre le lac. Cette fois, le sentier était plus difficile, fait de rochers qu’il faut passer à coup de grandes enjambées qui font mal aux genoux. Nous étions tous déjà bien fatigués. Trois heures plus tard, nous sommes arrivés au point tant attendu : le lac et les sources d’eau chaude. Je dois avouer que vers la fin de ce chemin-là, j’étais à bout de force, prête à renoncer si nous n’étions pas perdu dans la nature sans autres moyens de locomotions que nos petits petons meurtris. Le petite demi-heure dans les bains et surtout le lunch – mon carburant préféré – m’ont remis sur pieds. Nous sommes repartis pour remonter les 1000m afin d’aller camper sur une autre crête du cratère. La vue était magnifique. Le chemin chouette aussi, bien qu’un peu technique à certains endroits où il faut escalader des parties rocheuses (moi j’aime bien).
Pour le coup, je n’étais plus la dernière (sans compter le guide, on s’entend – oh je suis mauvaise langue!) car une de mes compagnes de marche avait drôlement mal à un genoux et elle y allait doucement. Je ne suis qu’empathie, mes genoux étant proche de la grève syndicale à ce moment-là. Une fois arrivés, les tentes étaient déjà posées à un endroit de choix, donnant directement sur le soleil se couchant sur l’île de Bali (d’où j’apercevait le mont Batur). Oui parce que les porteurs, en plus que de se trimballer la bouffe, les tentes, les isolants de sol (non, pas moyen que j’appelle cela des matelas), les casseroles, tout le tsoin-tsoin, à pieds nus ou en tongs, ils nous dosaient largement ! Re chapeaux bas !
Nous nous sommes alors reposés, enfin le peu qu’on a réussi, pour entamer le lendemain la descente finale. (It’s the final go down, tin tin tin tiiin tintintintin tintiiiin!)
Debout 6 ou 7 heures du matin – qu’importe – et départ pour 5 à 6 heures… de descente. Déjà que tous autant que nous étions, nous sommes sortis de nos tentes avec forte difficulté et gémissements (nous n’étions que courbatures) et nous avions mal rien qu’à l’idée de se taper encore des heures à user nos pauvres genoux. Mais nous l’avons fait. Entamer la descente a été difficile, car tous les muscles sont encore froids et protestent avec énergie (mais où la trouvent-ils ?). Puis il y a un moment où marcher est presque agréable, vite oublié par les genoux qui prennent le relai avec les pancartes menaçants d’une grève soudaine (bon les gars, on est pas en France non-plus!).
Cela dit, j’ai bien apprécié cette dernière partie qui se situe dans le forêt, j’aime bien la forêt. Pause midi, recharge, puis nous avons vu le bout. La fin. La civilisation. Le soulagement tant attendu. Le saint graal représenté par une boisson sucrée bien fraiche. Nous étions crevés mais heureux d’avoir tenu bon.
C’est marrant et c’est – je crois – cité dans un des guides papiers : on distingue clairement les gens qui n’ont pas encore fait le trek, frais, propres et marchant de bon allant, à ceux qui en reviennent, crottés de toute part, cernés et marchant avec peine. Nous en avions rencontré des comme ça avant d’entamer le trek, nous nous étions dis « ouais, ils ne doivent pas être entraîner »… Ne jamais juger avant d’avoir expérimenté !!!! Aujourd’hui, je me dis « oh ils tiennent encore debout, ce sont des vaillants ! ».
Après cette expérience forte enrichissante, je suis retournée à Canggu sur l’île de Bali – une journée de transport : scooter, bateau, minibus et re scooter – afin d’aller soigner mes courbatures à coup de yoga, plage, coconut et repos.