Koh Kong
Proche de la frontière thaïlandaise – oui, je sais, je ne suis pas toujours très logique dans mes déplacements – Koh Kong est aussi connue car elle se situe au pied de la chaîne des Cardamomes.
La ville en soit n’a rien de bien fou. Il n’y a pas grand chose à faire. C’est pourquoi j’ai directement été booker mon trip dans la montagne – je devrais y mettre des guillemets, en bonne Suisse que je suis ça ressemble plus à une colline, mouarf –. Je voulais faire un trek de plusieurs jours. L’agence où je suis allée avait un tour de deux jours, mais qui partait le surlendemain… Aucune envie de passer une journée dans la ville.
Je suis donc partie le lendemain pour une journée dans la forêt. C’était très chouette. J’avais cru comprendre avec le type de l’agence que nous serions un groupe de quatre, mais au final j’étais seule avec mon guide, plutôt cool.
Nous avons d’abord fait une bonne heure de bateau à naviguer dans les mangroves avant de rejoindre le début du sentier. Nous avons dû marcher un peu plus d’une heure je pense, avec un arrêt à un point de vue, puis nous nous sommes arrêtés pour manger au bord de la rivière, à côté d’une jolie petite cascade. C’était super. Il est même possible de s’y baigner ! Mon guide n’étant pas très bavard, j’ai pu profiter de la nature à fond. Comme à chaque fois, j’oublie à quel point ça me fait du bien. La vie en ville fait qu’on s’attache à des éléments qui n’ont aucune importance, une fois dans la nature, on peut se relâcher et juste respirer.
Nous sommes ensuite repartis, avons plus ou moins suivi la rivière, avons refait un arrêt baignade puis nous avons rejoint le bateau pour rentrer à Koh Kong. Sauf que pour le coup, ça nous a pris bien plus d’une heure !
Alors que nous naviguions tranquillement et zigzaguions entre les buissons mangroviens (oui, je sais), v’là pas que le moteur s’arrête ! Bon bon bon… Je me dis : « Ca y est, on est coincé là ». Mais après quelques manipulations de la part de mon guide – que je surnommerais MacGyver pour le coup – la machine redémarre. Aaah, bien.
Une dizaine de seconde plus tard, le moteur s’éteint à nouveau – bah ouais, faut pas rêver non plus – et là, MacGyver remarque que l’hélice s’est dévissée et nous a quitté quelque part dans les mangroves. Bon bon bon… Je me dis, c’est bon, il va nous trouver une solution avec un bout de buisson, de corde et un couteau suisse. Après m’avoir regardée comme un rond flanc pendant que je retiens une fou-rire, que je lui demande s’il n’y a pas quelqu’un pour venir nous chercher, qu’il me réponde qu’à cette heure-là tout le monde travaille encore (il était entre 16-17h), que je lui demande s’il veut qu’on plonge rechercher l’hélice, qu’il me répondre qu’il ne sait pas où elle est tombée, que je rigole encore plus – il n’avait pas l’air de partager mon hilarité – il sort l’unique pagaie à bord, qui n’est vraiment pas large, s’assied à l’avant et rame. Bon, laissons tomber le MacGyver… Il se retourne et me dit qu’on a pour une bonne heure. Soit. Allons-y alors.
Toujours en rigolant – il a presque fini par décrocher un sourire – je lui propose de passer à la pagaie et que lui prenne le bâton – un grand bâton qui sert à diriger la barque quand on est proche du bord –. Nous transformons donc notre bicoque en pirogue et avançons bon gré mal gré dans les mangroves. Je me suis fortement retenue de chanter des chansons italiennes, pas sûre qu’il aurait apprécié voire même compris. Après une bonne heure, si ce n’est plus, de passer d’un bras à l’autre pour éviter les crampes, il nous a dirigé vers un coin marécageux où nous avons laissé le bateau et marché jusqu’à sa maison. Pfiou. C’est à cet endroit que mon scooter-taxi du matin est revenu me chercher.
Je ne pense pas parler au nom de mon guide, mais moi j’ai trouvé cette expérience bien drôle. Pis bon, ça fait les bras !
Et c’est sans même une courbature – fou ! – que j’ai pris le bus le lendemain pour Phnom Penh.