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Vol à Saigon et arrivée au Népal

Après deux semaines au Vietnam où j’ai fait une exposition photo pour aider à soulever des fonds pour l‘orphelinat, je suis partie direction le Népal. Mais avant de vous raconter le Népal, laissez-moi quand même vous raconter que je me suis fait voler mon sac à main en traversant la rue à Ho Chi Minh (Saigon).

Alors que je traversais au feu piéton vert, un scooter est passé à quelques centimètres de moi et son conducteur a agrippé mon sac en bandoulière et me l’a arraché. Fort heureusement, le sac n’était pas de bonne qualité et la lanière s’est rompue sans me blesser. A l’intérieur : mes cartes de banques, d’assurances, mon téléphone et divers objets personnels. Ma poche à argent est tombée sur la route et j’ai pu la récupérer. J’avais retiré des dongs juste avant pour acheter deux ou trois cadeaux. Achats qui sont dès lors tombés à l’eau. Heureusement, je gardais mon passeport dans une pochette sous mes vêtements, ainsi qu’un billet de 100 dollars pour payer mon visa népalais et je n’avais pas pris mon appareil photo avec moi. La base était sauvée.

J’ai dû rationner l’argent récupéré pour pouvoir manger et prendre mon taxi pour l’aéroport le lendemain. A Bangkok, où j’ai passé la nuit entre deux avions, une amie à l’âme plus que charitable m’a hébergée. Ma mère et mon frère allaient me rejoindre au Népal pour un trek, mais il fallait que je survive une semaine là-bas sans argent. J’ai eu la chance qu’un ami, moine à l’orphelinat de Tu Bong, m’avait donné le contact d’un de ses amis au Népal, Gautam, qui tient une association d’entraide sur place. Je l’ai alors contacté via les réseaux sociaux et ce dernier, sans même vouloir me rencontrer avant, m’a hébergé une semaine durant et m’a permis de vivre avec sa famille.

S’est à se demander parfois si le hasard a bien fait les choses ou alors si ces dernières sont arrivées pour une raison, car la semaine passée à vivre avec Gautam et sa famille a été géniale et leur rencontre fait partie de celles qui m’ont marquée.

A l’arrivée au Népal, j’ai finalement opté pour un visa de 30 jours qui m’a coûté 40 dollars, visa que j’ai rallongé par la suite.

  • Les visas pour le Népal se font directement à l’arrivée à l’aéroport et coûtent 25$ pour 15 jours, 40$ pour 30 jours et 100$ pour 90 jours. –

J’hésitais au départ à prendre un visa de 90 jours directement, même si je ne restais au Népal que pour une quarantaine de jours. Ayant besoin de sous, j’ai pris celui de 30 jours pour commencer, et j’ai bien fait, car en le rallongeant ensuite de 15 jours, cela m’a coûté moins cher (soit 65$) que de prendre les 90 jours.

Bref, voilà comment j’ai atterri au Népal, ma dernière destination.

Saigon – Hô Chi Minh

Saigon (Hô Chi Minh)

Après près de 7-8 heures de bus et un passage de frontière sans encombre, je suis arrivée à Saigon – ou Hô Chi Minh, de son nouveau nom officiel –. La ville est très grande et n’est pas d’un intérêt particulier pour moi. Il y a, comme dans nombreuses villes de l’Asie du Sud-Est, un « Kaoh San Raod » ou « Pub Street », bourrée de gens dans le même état. Pas trop mon truc en somme.

J’ai surtout profité d’être à Saigon pour visiter le Musée des vestiges de la guerre, ainsi qu’un centre pour enfants handicapés. Donc les photos de cet article seront celles prises au centre (comme vous l’aurez constaté, je ne suis pas une fan des grandes villes et n’y prends donc pas beaucoup de photos).

Le Musée des vestiges de la guerre

Après S21 et les Killing Fields au Cambodge, visiter ce musée ne fait que renforcer ce sentiment de « what the fuck is going wrong with this world ? »… C’est un must seen à Saigon, mais il faut s’accrocher. Au premier étage déjà les récits et photos sont poignants, mais le deuxième étage vous achève – mot de circonstance –. J’ai particulièrement apprécié la partie photo, dont certains des clichés sont prenants. Par contre, je préfère prévenir, ce n’est pas un lieu où amener ses enfants, à moins qu’on veuille les éduquer à la dure, mais certaines photos montrent des corps plus tout à fait entier, plus tout à fait en vie… Il y a aussi les derniers clichés de Robert Cappa, mort durant cette guerre.

Ce musée m’a beaucoup touchée. J’étais d’ailleurs la seule à pleurer (a priori), mais je pense que les gens étaient autant touchés que moi. Quand on entend des personnes sortir des âneries ou des blagues, c’est bien une manière de laisser sortir l’émotion non ? Après il y a ceux qu’on a envie de baffer, mais ça, c’est une autre histoire.

Plus loin sur le deuxième étage, il y a les photos des enfants nés handicapés suite à l’agent orange – agent toxique que les américains ont déversé sur le Vietnam afin de faire sortir les ennemis des bois, ou autre excuse du genre – les enfants naissent avec des déformations de toutes sortes : siamois, un ersatz membre en plus, des handicapes faisant qu’ils ne marcheront et/ou ne parleront jamais, limitant leur vie à une vingtaine d’années pour les plus chanceux. Et cette liste n’est pas exhaustive. Des enfants américains, australiens ou chinois sont également nés avec des handicapes dus à l’agent orange, mais le nombre est moins conséquent. Et là où ça fait mal, c’est que des enfants qui naissent aujourd’hui souffrent encore de l’agent orange. On pense que la guerre se finit quand la paix est signée, mais ce n’est qu’illusion. La guerre est comme un mauvais cancer, elle continue à faire des dégâts bien après qu’on l’ait arrêtée…

La seule critique que je pourrais émettre quant à ce musée est que le tout est raconté du point de vue Vietnamien seulement – ce qui change, certes, car d’habitude l’histoire n’est écrite que par les vainqueurs – mais pour les personnes comme moi qui n’ont pas, je l’admets, des connaissances approfondie quant à l’histoire américaine et les guerres, ça peut porter à confusion, car les faits ne sont pas toujours relatés dans un ordre chronologique. Pis bon, dans cette expo on parle beaucoup des malheurs faits au Vietnam (et je ne tente pas ici de les dédramatiser) mais vers la fin, sorti de nulle part, un texte raconte que les soldats français, américains ou autres ont été relâchés. Bien, mais dans quel état ? Qu’ont-ils subi ? Bref, c’est le problème pour moi de tous les musées ou livres d’histoire du moment qu’ils n’ont été élaborés que par un seul point de vue.

Le Centre Thien Phuoc

Le lendemain je me suis donc dirigée dans ce centre pour enfants handicapés, en espérant en savoir un peu plus sur l’agent orange. Je n’y ai pas eu plus d’informations – pour ce faire il faudrait que je m’adresse au gouvernement, mais étant journaliste, ayant un visa touriste et étant dans un pays communiste, pas si facile que ça – par contre j’ai passé une journée formidable ! J’avoue que j’appréhendais beaucoup de voir ces enfants avec mon regard de touriste européenne compatissante, mais que nenni, j’ai simplement passé une super journée avec des enfants souriants et drôles ! Il n’y a que les adultes pour rendre le dramatique aux situations, les enfants eux vivent pleinement l’instant présent.

Après avoir discuté avec la directrice – qui est une soeur chrétienne – elle m’a fait par que 50% de ces enfants sont des orphelins, 30% sont issus de parents divorcés et 20% de familles pauvres.. Je lui ai demandé combien d’enfants devaient leur situation à l’agent orange. Elle m’a répondu sincèrement que vivant des dons et du volontariat, le centre n’a pas les moyens de payer les tests qui donneraient ce genre de réponse. Selon les chiffres donnés par le musée, environ 3 millions de personnes ont souffert de l’agent orange, pour la première génération. La deuxième compte 150’000 victimes, la troisième 35’000 et la quatrième 2’000. Je ne fais ici que reproduire les chiffres, j’étais étonnée moi-même qu’on parle de 4ème génération alors que la guerre s’est passée de 1963 à 1975… A mon avis, ces chiffres ne sont pas arrêtés. D’autres sources, j’ai entendu dire que 30% des enfants handicapés aujourd’hui doivent leur situation à l’agent orange, mais je n’ai pas vérifié l’information plus loin. Donc bon, difficile de se faire une idée. Et c’est toujours la même problématique, on ne base nos infos que sur les statistiques, bien qu’elles ne prennent pas en compte les personnes qui ne déclarent pas leur situation.

Bref. Ces enfants étaient des amours. Une soixantaine d’enfants vivent au centre. La directrice explique ne pas vouloir agrandir le centre, car pour elle l’important est le suivi personnel et l’amour apporté, ce qui est moins facile quand il y a trop d’enfants.

Nous avons été ensuite visiter brièvement un orphelinat à Saigon.

Avant de clore cet article, il faut quand même que je vous dise que le trafic à Saigon est terrible !!! Pour aller au centre j’étais sur le scooter de M. Loc, un vietnamien interprète qui m’a accompagnée. Une demi-heure de scooter minimum aller, j’ai cru que je n’allais pas en revenir entière. Aussi, difficile de traverser la route quand on est pas habitué. Les voitures et scooters ne s’arrêtent absolument pas pour vous laisser passer, par contre, il faut s’engager et là, ils vous évitent. Ca sonne bizarre mais en fait, une fois qu’on a pris le coup, c’est presque plus facile qu’en Europe, car les piétons font partie intégrante de la circulation et jamais un scooter ne va vous foncer dedans sous prétexte qu’il a la priorité, vu qu’il n’y en a pas.

Suite à ces quelques jours, j’ai ensuite pris le train direction Nha Trang, car à quelques kilomètres de là, il y a un orphelinat construit par une association suisse et géré par des moines.